Symbole de puissance, les réserves d’or reflètent la solidité d’un pays et renforcent sa crédibilité à l’échelle internationale. La Banque de France a la charge de préserver ce précieux trésor composé de pièces d’or et de lingots.
Mais de quelles réserves parle-t-on exactement ? De celles de la France ou des Français ? Retrouvez quelques précisions sur le sujet ainsi que sur les origines, les lieux de stockage et l’utilité de l’or pour l’État français.
Ce qu’il faut retenir :
➢ Les réserves d’or de la France sont à distinguer des stocks de métal jaune des Français. Ces derniers sont difficilement quantifiables et sujets à débat.
➢ Au cours de son histoire, la France a accumulé de l’or en grande quantité et figure à la quatrième place du classement mondial des réserves par pays. Cette position pourrait être remise en cause par les politiques d’achat de certaines banques centrales.
➢ La Banque de France conserve l’or français dans les coffres de la Souterraine, mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Réserves d’or de la France ou des Français : quelle différence ?
La France, en tant qu’État, possède 2436,8 tonnes d’or et occupe le 4e rang mondial dans le classement des réserves d’or par pays, derrière les États-Unis, l’Allemagne et l’Italie. Ce stock n’a pas connu de variation depuis 2009, date à laquelle ont eu lieu les dernières ventes du métal précieux.
L’or représente environ 10 % des actifs de la Banque de France. Il fait partie des réserves de change de la nation au même titre que d’autres devises étrangères. Celles-ci permettent de compenser un déficit commercial ou de renforcer la position économique d’un pays et de sa monnaie.
L’or de la France ne doit pas être confondu avec l’or des Français. Celui-ci, composé de pièces et de lingots, s’élèverait à 3000 tonnes, selon les publications de la presse. Mais, ce chiffre reste controversé, car les sources fiables ne sont pas toujours accessibles ou existantes et ne reposent que sur des estimations.
Sur la base des données communiquées par le Dr Thi Hong Van Hoang et le Conseil mondial de l’or (CMO), Nicolas Perrin a évalué le « bas de laine » des Français à 3 410 tonnes à fin 2022.
Yannick Colleu, quant à lui, a mené une enquête approfondie, en appliquant deux méthodes de calcul différentes. Il est parvenu à un résultat de 890 tonnes de monnaies d’or françaises et étrangères possédées par les Français, en 2020, et ne peut avancer de chiffre concernant les lingots, faute d’inventaire fiable.
Le sujet fait donc débat et alimente un peu plus la culture du secret qui caractérise le métal jaune.
La France, 4e réserve d’or de la planète
Comment la France a-t-elle amassé une telle fortune au fil des ans ? Et peut-elle espérer conserver sa 4e place à l’échelle mondiale ? Voici quelques éléments de réponse.
Les origines du « magot » français
Au départ, c’est l’adoption de l’étalon-or, vers 1870, qui incite la France, comme d’autres États, à augmenter ses réserves. La monnaie d’un pays correspond alors à un poids fixe du métal jaune et peut être convertie en or. Cependant, ce système monétaire trop contraignant est abandonné dans les années 30.
Après la Seconde Guerre mondiale, il est remplacé par les accords de Bretton Woods. Ces derniers instaurent la parité des devises étrangères avec le dollar, qui devient la seule monnaie convertible en or. Pendant plus de 20 ans, les États européens accumulent ainsi des dollars.
Dans les années 60, le Général de Gaulle, craignant une dévaluation prochaine du billet vert, échange les excédents monétaires contre des lingots auprès de la Réserve Fédérale américaine. Progressivement, le stock français augmente pour atteindre son plus haut niveau historique en 1966, avec 4600 tonnes d’or.
Une position menacée ?
Depuis la fin des accords de Bretton Woods en 1971, les réserves d’or de la France ont tour à tour stagné, puis diminué pour s’établir, en 2009, à 2436 tonnes. À cette date, la France cède sa troisième place à l’Italie.
C’est le résultat de la politique menée, entre 2004 et 2009, par Nicolas Sarkozy en tant que ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. La vente de 589,2 tonnes d’or sur 6 ans avait alors pour objectif de réduire le déficit public.
À présent, face aux achats soutenus de certaines banques centrales, la France doit-elle redouter de perdre sa 4e place ? Avec respectivement 2333 et 2235 tonnes d’or en 2023, la Russie et la Chine se rapprochent au classement, à la 5e et 6e place. Et la Chine ne semble vouloir ralentir ses achats de métaux précieux.
Où est stocké l’or de la France ?
Si la France conserve désormais son or principalement dans les coffres de « La Souterraine », par le passé, elle a dû trouver des cachettes pour éviter de perdre sa fortune.
La Souterraine : un trésor bien gardé
La Souterraine est le coffre-fort de l’État. Construite entre 1924 et 1927 dans le 1ᵉʳ arrondissement de Paris, cette salle ultra-sécurisée se trouve à 27 mètres sous terre. C’est une merveille architecturale de 11 000 mètres carrés comprenant 720 colonnes.
Elle peut accueillir également les réserves d’or des banques centrales étrangères ou d’organisations internationales, mais ces informations ne sont pas divulguées. L’or de France y est conditionné en lingots qui répondent aux normes fixées par la London Bullion Market Association (LBMA).
Les autres lieux tenus secrets
Les conflits constituent l’une des principales menaces pour les réserves d’or de la France. Au cours de l’histoire, il a fallu user de ruses et d’astuces pour préserver le trésor de la Nation.
En 1870, lors de la guerre contre la Prusse, les pièces d’or et les lingots français sont transportés vers l’arsenal de Brest par wagons, dans des caisses de munitions. Pendant la Première Guerre mondiale, les réserves sont cachées dans le Massif central.
En 1940, les événements se précipitent et la Banque de France doit évacuer l’or en urgence vers Dakar, pour éviter qu’il ne tombe aux mains des Allemands. Enfin, pendant la guerre de Corée, une partie du précieux métal sera stockée à Oran ou à Brazzaville et ne réintégrera la Souterraine qu’en 1959.
Stock d’or de la France : à quoi sert-il ?
Officiellement, l’or n’a plus de rôle dans le système monétaire international. Pourtant, pour les banques centrales, il fait figure de réserve indispensable dans les situations extrêmes, car il reste une monnaie d’échange acceptée mondialement. Certains pays y voient aussi le moyen de réduire leur dépendance au dollar.
L’or représente également la capacité d’un État à résister à un choc économique ou à un conflit majeur. Son cours est contracyclique, autrement dit, quand les autres devises s’affaiblissent, son prix suit la tendance inverse et augmente.
Pour en apprendre davantage sur le phénomène de dédollarisation, lisez notre article sur le sujet !