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Accueil » Derniers articles » Une histoire de la pensée économique moderne : les économistes, l’or et le Bitcoin

économistes or bitcoin

Une histoire de la pensée économique moderne : les économistes, l’or et le Bitcoin

13 mars 2024
dans Comprendre l'économie
Temps de lecture estimé : 12 min

Dans ce feuilleton en 5 épisodes, nous nous sommes penchés sur les chapelles incontournables de l’Économie au XXe et au XXIe siècles. Cette Académie étant consacrée aux questions monétaires, le moment est venu de voir ce que ces penseurs avaient à dire au sujet de l’or… et ce qu’ils auraient pu penser de Bitcoin !

Ce qu’il faut retenir :

  • Keynes, qui a défendu sa proposition de bancor à Bretton Woods, n’aurait sans doute guère apprécié Bitcoin ;
  • Friedman, qui préconisait un régime de changes flottants, aurait sans doute apprécié Bitcoin en tant qu’initiative privée portant concurrence aux monnaies étatiques ;
  • Les Autrichiens, qui sont soit en faveur de l’étalon-or, soit d’un système de changes flottants, considèrent le bitcoin comme une monnaie « hayékienne ».

John Maynard Keynes, l’or et le bancor

Keynes avait-il une dent contre l’or ? C’est ce que l’on pourrait penser a priori puisqu’il est célèbre pour qualifier le métal de « relique barbare ».

C’est cependant parce qu’il estime que l’étalon-or empêche les États de mener une politique économique indépendante et favorise la déflation que Keynes considérait l’étalon-or comme une « relique barbare ». Keynes s’attaquait donc à l’or en tant qu’étalon dans le système monétaire international, et non à l’or en tant qu’investissement, comme on le lit souvent.

Cette conception se vérifie dans le cadre la politique qu’il a menée lors de la conférence de Bretton Woods de juillet 1944, où les 44 nations alliées ont organisé ce qu’il allait advenir du système monétaire international après la Victoire. Comme je l’ai expliqué dans d’autres colonnes :

« La proposition américaine d’un dollar “as good as gold”, défendue par Harry Dexter White, ne l’a cependant pas emporté sans que les Britanniques ne fassent de la résistance. Ce n’était certainement pas à eux, qui avaient dominé l’économie mondiale pendant presque deux siècles, que les Américains allaient apprendre les enjeux de puissance relatifs à une monnaie de réserve mondiale qui supplanterait toutes les autres. A l’époque, le négociateur de sa majesté s’appelait John Maynard Keynes – un nom qui vous est sans doute familier. L’économiste est arrivé à Bretton Woods avec sa propre proposition : le bancor.

Harry Dexter White et John Maynard Keynes en juillet 1944 à Bretton Woods.

Il s’agit d’une idée remarquable en cela que c’est historiquement la première fois qu’est défendue la proposition d’un système monétaire international fondé sur une unité de réserve non nationale. Keynes prévoyait en effet que la valeur de cet étalon monétaire soit basée sur 30 matières premières, les autres devises lui étant rattachées.

Mais vous savez que ce n’est pas ainsi que ce chapitre de l’Histoire s’est terminé. C’est la vision américaine qui l’a emporté. Plutôt que la proposition britannique d’étalon monétaire international, le monde a pris le chemin du rétablissement d’un gold exchange standard centré sur la devise d’une seule nation. Et c’est là l’une des dates de naissance potentielles de tous nos malheurs puisqu’à défaut d’adopter la proposition keynésienne de système monétaire international, le XXe siècle a été celui du keynésianisme et le XXIe siècle celui « djihadisme keynésien ». » [voir la partie « Quel a été l’impact des idées de Keynes sur l’action publique ? »]

L’argument central qui sous-tendait la proposition keynésienne d’un bancor était que cette dernière était censée permettre la pacification des relations internationales.

Cette exigence est à porter au crédit du britannique, alors qu’il est chaque jour plus évident que le système monétaire international contemporain ne satisfait plus personne, à part les Etats-Unis.

Qu’est-ce que Keynes aurait pensé de Bitcoin ?

La théorie keynésienne repose sur l’intervention d’une entité centrale, l’État, dans l’économie. La gestion active des taux d’intérêt et de la masse monétaire par la Banque centrale doit stabiliser l’économie.

Bitcoin, c’est le contraire. La mère des crypto-actifs a été conçue pour être gérée de manière décentralisée. Cet actif aux velléités monétaires court-circuite le concept même de banque centrale.

Keynes n’est plus là pour qu’on lui pose la question, mais il ne me semble pas imprudent de dire que l’économiste aurait compté parmi les contempteurs de Bitcoin.

Voilà pour Keynes, et plus globalement pour les keynésiens.

Qu’en est-il des monétaristes ?

Milton Friedman, Bretton Woods et les changes flottants

Friedman était critique à l’égard du système de Bretton Woods mis en place après la Seconde Guerre mondiale, et qui avait lié de nombreuses devises au dollar américain, lequel était convertible en or.

La monnaie étant une marchandise comme une autre, l’économiste a soutenu l’idée d’un système de changes flottants. Pour lui, les fluctuations de taux de change en fonction des forces libres du marché sont plus à même de garantir la stabilité économique que des parités fixes.  

Qu’est-ce que Milton Friedman aurait pensé de Bitcoin ?

Voici ce que l’on sait :

  • Friedman a déclaré que « la monnaie est une chose trop sérieuse pour la confier aux banques centrales. » Cela pourrait laisser à penser que l’économiste aurait aimé le caractère décentralisé du réseau Bitcoin ;
  • Friedman était connu pour son soutien à la concurrence monétaire et son intérêt pour les formes de monnaie alternatives. Il était favorable à l’existence de monnaies émises par des entités privées en concurrence avec la monnaie gérée par l’État. Cette citation prophétique datant de 1999,  soit 10 ans avant la naissance de Bitcoin, montre que l’économiste n’avait rien contre les nouvelles technologies – bien au contraire ! Encore un point en faveur de Bitcoin.
  • Sa « K-Percent Rule » ne revient cependant pas à dire qu’il faudrait intégrer le taux de croissance de la masse monétaire dans un programme informatique et jeter les codes d’accès par la fenêtre, à l’instar du déterminisme du taux d’inflation sur le réseau Bitcoin. En effet, pour Friedman, la masse monétaire doit évoluer en fonction de la croissance potentielle de l’économie à long terme. À cet égard, on est donc loin du fonctionnement de Bitcoin.

Que conclure de tout cela ?

J’imagine que Friedman aurait apprécié Bitcoin en tant qu’initiative privée, mais qu’il aurait tenu à ce que les monnaies étatiques continuent de dominer l’économie. Leur malléabilité permet aux autorités publiques de mener une politique monétaire, essentielle aux yeux de Friedman pour stabiliser l’économie.

Friedman, et plus globalement les monétaristes, ont donc bien des choses à nous dire au sujet de l’or et de Bitcoin.

Mais c’est sans doute du côté des Autrichiens que l’on trouve le plus de points de vue croustillants à ce sujet…

Les Autrichiens et l’or

Tout d’abord, il me faut signaler que pour les Autrichiens (et cela risque de faire grincer quelques dents), l’or n’a pas… de valeur intrinsèque ! Et oui, puisque la valeur est subjective (et non objective), le métal, comme tout autre bien, ne saurait avoir de valeur inhérente à sa nature. Sa valeur fluctue en permanence sur le marché, en fonction de la manière dont les individus la perçoivent et l’évaluent en fonction de leurs besoins et de leurs préférences individuels.

Ceci dit, les Autrichiens reconnaissent à l’or tous les attributs de la monnaie : instrument d’échange, instrument de mesure des valeurs et instrument de réserve.

Comme je l’écris dans mon livre : « Dans la conception autrichienne, ce n’est pas le prix de l’or qui augmente ou qui diminue par rapport aux devises, mais les devises qui s’apprécient ou qui se déprécient par rapport à lui, en fonction du niveau de création monétaire. Les économistes autrichiens envisagent l’or comme un élément stable, comme la monnaie, en cela que l’or constitue une anti-devise. Par conséquent, l’or est perçu comme l’étalon monétaire qui permet d’évaluer ce que valent les devises, les biens et les services, et donc l’inflation (au sens officiel du terme). […] »

Taux de change des principales devises contre l’or, 1900 = 100 (1900-2023)

Comme il n’y a pas de prix plancher pour la valeur des monnaies étatiques fiat, il n’y a donc pas de prix plafond pour le cours l’or.
On peut formaliser cette relation comme suit :

Les Autrichiens et le système monétaire

Les économistes autrichiens n’ont pas tous la même opinion au sujet de la forme que devrait prendre le système monétaire international (SMI).

Ils ont bien une préférence pour un système reposant sur des principes de marché et de non-intervention, mais 2 visions se dégagent au sujet de l’organisation du SMI : 

  • Étalon-or ou monnaie fondée sur des métaux précieux : cette première vision, qui justifie l’action de l’État au travers d’une réglementation internationale, découle de la croyance en la discipline que ces systèmes imposent sur la création monétaire, limitant ainsi le risque d’inflation et d’instabilité monétaire ;
  • Déréglementation et système de changes flottants : cette seconde vision soutient l’idée que les taux de change devraient être déterminés librement par l’offre et la demande sur le marché des changes, donc fluctuer.

Qu’en est-il de Bitcoin, le réseau, et du bitcoin, le jeton ?

Le bitcoin, comme l’or, est une monnaie « hayékienne »

C’est ce que j’ai expliqué en détails dans cet article, dont voici un extrait :

Pour Hayek, la concurrence entre les monnaies est le meilleur moyen d’inciter leurs émetteurs à offrir une monnaie saine. Dans les années 1960-1970, cet économiste-philosophe recommandait un ordre monétaire fondé sur des monnaies privées reposant sur l’or ou sur des matières premières, non seulement en concurrence les unes avec les autres mais également en concurrence avec la monnaie gérée par l’État.

« Je ne crois pas que nous aurons à nouveau une bonne monnaie avant de l’avoir retirée des mains du gouvernement [. Comme] nous ne pouvons pas la retirer des mains du gouvernement par la violence, tout ce que nous pouvons faire, c’est introduire par un moyen détourné et sournois quelque chose qu’ils ne pourront pas arrêter », déclarait-il en 1984[1].

De là à soupçonner que Satoshi Nakamoto se soit fortement inspiré des travaux théoriques d’Hayek, il n’y a qu’un pas que même la BCE a franchi allègrement !

Friedrich Hayek.

En alliant décentralisation, cryptographie, système de paiement pair-à-pair et programmation informatique de la rareté, Bitcoin a accédé au rang de monnaie hayékienne, en dépit du fait qu’il s’agit d’une pure monnaie fiat, ce qui va à l’encontre des recommandations d’Hayek.

Aucun doute par conséquent qu’Hayek aurait soutenu le Bitcoin !

Conclusion

Si l’on récapitule, nous avons donc, au niveau du système monétaire international et de la place de l’or au sein de celui-ci :

  • Keynes qui défendait à Bretton Woods un système de changes fixes durable car reposant sur le bancor, cette unité de réserve non nationale basée sur 30 matières premières (dont l’or), les autres devises lui étant rattachées ;
  • Friedman qui était critique à l’égard du système de Bretton Woods, auquel il préférait le système des changes flottants ;
  • Les Autrichiens, qui sont soit en faveur de l’étalon-or ou d’une monnaie fondée sur des métaux précieux, soit d’un système de changes flottants.

Et pour le Bitcoin :

  • Keynes, dont tout prête à penser qu’il aurait compté parmi les contempteurs de Bitcoin ;
  • Friedman, dont j’imagine qu’il aurait apprécié Bitcoin en tant qu’initiative privée portant concurrence aux monnaies étatiques, mais qui aurait sans doute tenu à ce que celles-ci continuent de dominer l’économie ;
  • Les Autrichiens, qui conviennent que du fait de ses caractéristiques techniques, le bitcoin est une monnaie hayékienne, en dépit du fait qu’il s’agit d’une pure monnaie fiat.

Voilà, nous en avons terminé avec cette série !

À présent, vous connaissez les grandes idées défendues par les chapelles incontournables de l’Économie aux XXe et au XXIe siècles.

Gardez ces connaissances théoriques en tête : elles vous seront utiles pour vos investissements !


[1] C’est le principe énoncé par l’inventeur et futuriste américain Buckminster Fuller : « On ne change jamais les choses en luttant contre la réalité existante. Pour changer quelque chose, il faut construire un nouveau modèle qui rendra le modèle existant obsolète. »

Tags: économiehistoire
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Nicolas Perrin

Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Livre : Investir sur le marché de l'or : Comprendre pour agir

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