Souvent citées par les observateurs et les acteurs de l’économie, les banques centrales ont des rôles et des fonctions assez précises selon les différents pays. Elles participent essentiellement à la stabilité monétaire et bancaires. Et même si elles n’ont quasiment pas de missions en direct avec les citoyens, leurs décisions peuvent impacter fortement leur quotidien.
A l’origine des banques centrales : l’émission de la monnaie
Le rôle initial de la toute première banque centrale a été d’émettre de la monnaie. C’était en 1668, en Suède. La banque de Stockholm fait faillite. La Riksbank, la banque des États du Royaume, aujourd’hui la Banque de Suède, est alors créée pour émettre de véritables billets de banque. Le lien avec l’émission de la monnaie est encore plus criant avec la Banque de France, fondée en 1800.
Le début chaotique de la Banque de France
La banque centrale en France est créée par Napoléon Bonaparte, sur la proposition du banquier suisse Jean-Frédéric Perregaux. A l’époque, les premiers billets, les assignats de la Révolution, ont réussi à dégouter les Français de la monnaie papier. L’or et l’argent leur sont préférés. Avec la reprise de l’activité économique, le manque de monnaie se fait sentir.
Une banque privée comme banque centrale
Perregaux va installer à Paris une banque de dépôts : « la caisse des comptes courants ». Il obtient de Napoléon le droit exclusif d’imprimer des billets. Cette banque privée peut donc augmenter la masse monétaire par l’usage de la planche à billets et de collecter l’épargne.
Le pouvoir reprend le contrôle
Napoléon ne goûte pas très longtemps de l’indépendance de ces banquiers privés. Le rôle de la banque centrale est intimement lié au développement du pays mais aussi au financement des campagnes militaires. En effet, la Banque de France permet aux banques commerciales de se financer pour pouvoir prêter aux particuliers et aux entreprises. Si les entreprises se développent, il y a plus d’impôts collectés… donc des sous pour financer la guerre. Un lien qui perdure toujours. Résultat, Napoléon nomme un gouverneur et deux directeurs à sa main. De fait, les actionnaires privés n’ont plus de pouvoir.
Rétablir la confiance sur le papier monnaie
Reste à rétablir la confiance dans le papier monnaie. Les Français échaudés craignent toujours le papier. Ils exigent que la monnaie émise par la Banque de France puisse être encore échangée en or ou en argent. Plus il y a de monnaie, plus la possibilité de couverture en or de la banque est réduite. En 1848, le temps de l’éphémère Seconde République, il sera décidé d’interdire la convertibilité en or du papier monnaie. Les billets de banque sont définitivement adoptés. L’augmentation de la masse monétaire est désormais possible et potentiellement sans limite.
150 ans de présence avant l’arrivée de l’Euro
La Banque de France s’installe dans le paysage. Elle permet au pays de se remettre de 3 guerres, de grandes crises économiques et financières : en 1929 et pendant les chocs pétroliers. Puis l’Euro est créé. Les banques centrales des pays de l’Union Européenne qui adoptent l’Euro se voient retirer le droit de battre leur monnaie locale. L’ensemble des décisions monétaires sont prises à Bruxelles, à la Banque centrale européenne (BCE).
BCE : que reste-t-il aux banques nationales
La politique monétaire en Europe est maintenant choisie par la Banque centrale européenne. Les banques centrales de chaque pays sont toutefois toujours présentes au capital de la BCE puisqu’elles sont les seules autorisées à y souscrire. Elles participent aux décisions via le conseil des gouverneurs et le directoire :
- Chaque banque centrale nationale gère les réserves de change propres du pays dont les stocks d’or ;
- Elles conservent aussi la mission de contrôle des banques et des marchés de leur territoire. Par exemple, c’est à la Banque de France que les entreprises et les particuliers peuvent s’adresser en cas de difficultés pour ouvrir un compte dans une banque de détail ;
- C’est aussi la Banque de France qui gère le fichier des interdits bancaires. Comme il est expliqué sur le site de la Banque de France : en cas de difficulté avec une banque ou une assurance, un acteur de la finance, c’est à cette institution qu’il faut s’adresser ;
- Enfin, elles collectent un certain nombre de données économiques conjoncturelles.
Objectif numéro 1 des banques centrales : la stabilité des prix
La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque fédérale des Etats-Unis (FED) partagent cet objectif : maintenir la stabilité des prix. C’est-à-dire qu’elles vont supporter au maximum 2 % d’inflation. Autant dire que depuis 2022, les banquiers centraux sont aux abois. Même s’ils ont une définition de l’inflation très spécifique puisqu’il faut enregistrer une inflation durable pour la prendre en compte. Une banque centrale n’intervient pas en cas de phénomène temporaire ou provoqué par un événement unique.
Comment limiter l’inflation ?
Les banques centrales ont essentiellement comme arme la hausse des taux d’intérêt. C’est-à-dire qu’elles fournissent aux banques de détail et aux États de l’argent « plus cher » pour financer leur dette publique. L’effet escompté est de limiter l’accès au crédit, donc de ralentir la machine économique. Avec moins de consommation et moins d’investissement, normalement, la demande va diminuer, les prix vont baisser. C’est le calcul des banquiers centraux.
2023 : la hausse des taux ne marche pas
Les banques centrales face à l’inflation de plus de 6 % en 2022 ont donc décidé de remonter les taux d’intérêts. Mais après une année de hausse, les résultats ne sont pas là. L’inflation est présente et les mauvaises nouvelles économiques se multiplient. La FED notamment a décidé de ralentir sa politique dite de « resserrement monétaire », réduction de la masse monétaire.
D’autres objectifs différents en Europe et aux Etats-Unis
Les mandats de la FED et de la BCE ne sont pas exactement les mêmes.
La FED doit aussi maintenir le plein emploi
Le mandat de la banque fédérale américaine est double. Une inflation maximum à 2 % et le plein emploi. Pour obtenir ce deuxième objectif, la FED a utilisé une arme qui a un effet inverse sur les taux : le Quantitative Easing. Le principe est d’acheter de la dette en grande quantité pour injecter des masses énormes de liquidité dans le système. Ainsi, on se retrouve avec de l’argent « magique », avec des taux proches de 0, parfois même négatifs (on vous rémunère pour emprunter). Avec toute cette monnaie disponible, des secteurs entiers sont financés : l’immobilier, la finance (records d’indice boursiers), les nouvelles technologies ou bien encore récemment les cryptomonnaies. Le risque est de créer un phénomène de bulles qui par définition peuvent éclater.
Le mandat de la BCE n’est pas double mais…
En Europe, le mandat principal est le maintien de la stabilité des prix (à 2 % maximum d’inflation). Mais il existe aussi un objectif secondaire : aider à financer les grandes politiques européennes. Ainsi, la transition énergétique et le développement durable ont été fléchés par Christine Lagarde. Pour les économistes libéraux, cette implication « politique » des banquiers centraux est insupportable. Alors que les Keynésiens approuvent ce soutien de la puissance monétaire aux politiques publiques.
Chiffres et ressources pour en savoir plus sur les banques centrales
4 937 milliards d’euros : les avoirs de la BCE
9 000 milliards de dollars : le bilan de la FED (qui s’est engagé à le réduire).
Président de la FED (2023) : Jerome Powell
Présidente de la BCE (2023) : Christine Lagarde
Sites institutionnels :
- Le site pour les particuliers de la Banque de France : https://particuliers.banque-france.fr/
- Le site officiel de la BCE : https://www.ecb.europa.eu/ecb/html/index.fr.html
- Le site officiel de la FED : https://www.federalreserve.gov/
Sites d’information :
- La catégorie Banque Centrale du site L’or et l’argent : https://www.loretlargent.info/category/banque-centrale/
- Un cours sur les banques centrales (par la finance pour tous) : https://www.lafinancepourtous.com/enseignants/tous-nos-modules-d-economie/monnaie-et-politique-monetaire/banque-centrale-et-politique-monetaire/