Mais que sont ces petits symboles que l’on peut voir sur les bijoux parfois à peine lisibles ? C’est ce que l’on appelle des poinçons. Utilisés depuis plusieurs siècles, ces marques sont apposées par les fabricants ou importateurs de bijoux en métaux précieux et sont aussi présentes sur toutes les pièces d’or et les lingots.
Les poinçons : caractéristiques et histoire
À quoi servent les poinçons apposés sur les métaux précieux ?
Les poinçons apposés sur les métaux précieux tels que l’or, l’argent ou le platine sont une garantie évitant les risques de contrefaçon. Ils permettent ainsi d’avoir une meilleure estimation du prix de vos pièces d’or ou de vos bijoux.
Ils délivrent deux informations :
– qui est le fabricant ;
– quel est le titre de pureté du métal précieux, c’est-à-dire combien d’or ou d’argent pur compose le bijou, le reste étant composé de différents métaux.
Comment les poinçons sont-ils faits ?
Les poinçons sont donc une marque de contrôle et sont gravés en frappant la pièce en métal précieux d’un coup sec avec une tige métallique au bout de laquelle il y a le dessin du poinçon : on dit qu’ils sont « insculpés ». De cette manière, ils sont en quelque sorte agréés. Cette action est effectuée au début du façonnage, en cours ou à la fin.
Ces poinçons sont parfois difficiles à décrypter et nécessitent un œil expert ou une loupe. C’est notamment dû :
- à leur petite taille : 2 à 3 millimètres ;
- à l’usure des pièces, marquées par le temps. Ils peuvent également totalement disparaître.
À noter que lorsqu’il y a plusieurs poinçons, par exemple quand un métal précieux est juxtaposé à un métal commun, ils sont généralement apposés les uns à côté des autres.
Quand et pourquoi les poinçons sont-ils apparus ?
L’usage des poinçons est très ancien. Dès l’antiquité romaine, la nécessité de trouver un système pour garantir à l’acheteur ou au vendeur que la monnaie utilisée était véritablement en or ou en argent s’est fait ressentir.C’est ainsi que l’on vit des pièces en métal précieux poinçonnées commencer à circuler. Puis, au fur et à mesure, l’utilisation des poinçons a aussi permis d’indiquer et de garantir le titre, c’est-à-dire la teneur métal pur.
Petite histoire des poinçons pour les métaux précieux
L’usage du poinçon a été réglementé en France par le prévôt de Paris, Étienne Boileau. Ainsi, dans le but de proscrire les abus concernant la circulation des métaux précieux, les ouvrages devaient être garantis par leur créateur : imposés par la Charte parisienne des Orfèvres, des poinçons furent apposés à partir de 1275 sur les ouvrages en argent et de 1313 pour ceux en or.
Puis en 1355, c’est le roi Jean II Le Bon qui ordonne aux orfèvres d’apposer sur leurs ouvrages un poinçon représentant une fleur de Lys couronnée associée à un symbole personnel (initiale).
De 1672 à 1789, on retrouve principalement 4 poinçons :
- le poinçon de charge : institué en 1672, il est apposé par le fermier général (un représentant de l’État) au moment de la fabrication. Il engage l’orfèvre à s’acquitter du paiement des taxes sur les métaux précieux et est représenté avec une lettre et une couronne au-dessus ;
- le poinçon de décharge : insculpé à la fin de la réalisation de l’ouvrage, il atteste du paiement à chaque juridiction de tous les droits et la provenance de la pièce. Il est composé d’un animal et d’une couronne fermée ;
- le poinçon de maître : ce poinçon est insculpé au début de la réalisation de l’ouvrage par son créateur ; généralement plus abîmé, il subit toutes les transformations de la pièce ;
- le poinçon de jurande ou de « lettre date ». Inventé en 1375, il authentifie la qualité du métal. Utilisant un système de lettres et de graphisme, il est possible de dater les pièces poinçonnées.
Tout ceci va évoluer à partir de la Révolution. Suite à l’interdiction des associations professionnelles comme celle des orfèvres, à compter de 1791, il n’y a plus aucun organisme qui effectue des contrôles sur les métaux précieux : la fraude devient légion. Face au manque à gagner pour l’État, un système de « poinçons officiels » est mis en place en 1797 avec des poinçons de recense visant à lutter contre les fraudes et les vols. Il fixe les bases du système actuel. Poinçons de jurande, de charge et de décharge ne sont plus alors usités. Il ne subsiste que le poinçon de titre et celui de garantie.
Les poinçons utilisés en France aujourd’hui
Les dispositions légales concernant les poinçons
On pourrait croire qu’un code international est utilisé pour les poinçons : il n’en est rien. La France utilise, par exemple, ses propres poinçons. Elle n’a en effet pas signé la Convention internationale sur le contrôle et le poinçonnement des ouvrages en métaux précieux. Bien sûr, l’usage des poinçons est réglementé, et un nouveau décret visant à plus de fiabilité sur la qualité des métaux précieux a été publié le 17 mai 2013.
Il existe deux types de poinçons :
- les poinçons de maître, insculpé par le fabricant, ou de responsabilité, par l’importateur ;
- les poinçons de garantie apposés par « des professionnels habilités par une convention conclue avec l’administration des douanes ». Pour recevoir ce poinçon, « les ouvrages doivent porter l’empreinte du poinçon du professionnel et être assez avancés pour n’éprouver aucune altération au cours du finissage ».
Tous les ouvrages en métaux précieux doivent comporter un poinçon, ceux qui sont fabriqués en France comme ceux qui sont importés.
En France, c’est donc l’État qui est habilité à apposer les poinçons sur les métaux précieux à travers des bureaux de garantie qui sont répartis sur le territoire par région sous le contrôle des Monnaies et Médailles : une exception française par rapport à ce qui est en usage dans d’autres pays. Il existe 6 bureaux de garantie en Métropole.
Les poinçons pour de l’or 24 carats
Concernant l’or 24 carats (999 millièmes, soit un métal précieux qui contient 999 g d’or pur sur 1 000 g) en revanche, il n’y a que le Bureau de Garantie de Paris qui a le droit d’en apposer le poinçon.
Certains ouvrages n’ont légalement pas besoin de poinçon de garantie, à partir du moment où ils ont un poids :
- inférieur à 3 g, pour l’or et le platine ;
- inférieur à 30 g pour l’argent.
Ceux particulièrement fragiles peuvent également en être dispensés.
Il existe deux façons autorisées pour marquer les poinçons, spécifiées et précisés par le décret n°2013-411 du 17 mai 2013 :
- le marquage métallique, avec un outil appelé « poinçon » et fabriqué par la Monnaie de Paris, et on parle alors de poinçon insculpé ;
- le marquage au laser.
Les poinçons utilisés pour les ouvrages neufs en 2022
Le motif du poinçon de garantie est déterminé par la Monnaie de Paris. Ce dernier est changé régulièrement, autant de fois qu’il est nécessaire.
Voyons, en fonction des métaux, les poinçons de garantie ayant cours.
1. Les poinçons utilisés pour l’or
En fonction du titre, le poinçon or n’est pas le même. Depuis janvier 1995, le titre doit être exprimé en millièmes, et non plus en carats : en effet, cela renseigne plus précisément sur le taux de métal pur. L’appellation « or » est d’ailleurs réservée aux bijoux et autres ouvrages ayant un titre supérieur à 375 ‰.
Voici la liste des différents poinçons or utilisés et le titrage associé :
- L’hippocampe : ce poinçon est utilisé pour l’or le plus pur, à 999 ‰ (or 24 carats).
- La tête d’aigle : ce « symbole » est utilisé pour l’or 750 millièmes (18 carats). Ainsi, sur 24 g d’alliage, l’ouvrage contient 18 g d’or ou 75,01 % d’or pur. La tête d’aigle utilisée est dite « Or 3e titre », avec un 3 juxtaposé. Ce signe est également employé pour l’or 916 millièmes (or 22 carats) associé au chiffre 1 (« Or 1er titre »).
- La coquille Saint-Jacques pour l’or 585 millièmes
- Un trèfle pour l’or 375 millièmes (or 9 carats)
- Quant au chiffre 333, il désigne l’or 333 millièmes (8 carats), le reste de l’ouvrage étant composé d’un alliage de cuivre et d’argent.
2. Les poinçons employés pour l’argent
Le poinçon argent le plus répandu est la tête de Minerve. Un ouvrage est considéré comme étant en argent s’il est composé au minimum de 800 millièmes d’argent. Tout comme l’or, le poinçon est différent selon le titre – soit la proportion d’argent contenu dans l’ouvrage :
- L’amphore désigne l’argent 999 millièmes.
- La tête de Minerve et le chiffre 1 sont insérés dans un octogone (« Argent de 1er titre ») pour l’argent 925 millièmes et la tête de Minerve et le chiffre 2 sont représentés dans un ovale tronqué (« Argent de 2e titre ») pour l’argent 800 millièmes. Les ouvrages plus petits d’un minimum de 800 millièmes, eux, sont reconnaissables au poinçon en forme de crabe.
Le poinçon tête de cheval, tête de sanglier et le poinçon couronne (poinçon anglais) ne sont plus utilisés à ce jour.
3. Les poinçons pour le platine
Seuls les ouvrages de minimum 850 millièmes peuvent être désignés comme étant en platine. Le poinçon utilisé pour le platine 999 millièmes est le manchot empereur.
Pour les autres titres, la tête de chien est utilisée :
- 950 millièmes : Tête de Chien « Platine de 1er titre » ;
- 900 millièmes : Tête de Chien « Platine de 2e titre » ;
- 850 millièmes : Tête de Chien « Platine de 3e titre ».
4. L’or blanc
L’or blanc est composé d’or fin et d’un ou plusieurs autres métaux qui vont venir modifier sa couleur. Il peut être recouvert d’une couche de rhodium : on l’appelle alors « or gris ». Il n’existe pas de poinçon spécifique à l’or blanc – ni d’ailleurs pour les autres « types » d’or, tels que l’or rose, l’or vert, l’or noir ou encore l’or bleu et l’or violet. Il n’y a cependant pas d’or blanc 925 millièmes ni 825 millièmes. Si à l’œil nu, il peut s’apparenter à de l’argent, le poinçon indique quelle est la nature du métal. Nous avons fait un article spécialement dédié aux différents alliages et leurs caractéristiques qui vous donnera de plus amples informations.
À titre indicatif, voici les différentes compositions qui existent pour l’or blanc :
- 833 millièmes (20 carats) : 83,3 % d’or fin et 16,7 % de palladium ;
- 750 millièmes (18 carats) : 75 % d’or fin, 18,5 % d’argent, 5,5 % de zinc et 1 % de cuivre ;
- 583 millièmes (14 carats) : 58,3 % d’or fin, 17% d’argent, 17 % de cuivre et 7,7 % de zinc.
- 375 millièmes (9 carats) : 37,5 % d’or fin, le reste est composé uniquement d’argent (62,5 %).
Objet sans poinçon : comment vérifier qu’il est en métal précieux ?
Il est possible qu’une pièce ou un bijou soit véritablement en métal précieux, mais ne présente aucun poinçon. Le temps et l’usage altèrent le métal et effacent les symboles. Parfois aussi, il est difficile de les distinguer. Il est néanmoins possible de contrôler si l’ouvrage contient de l’or, de l’argent ou du platine.
- Le test de l’aimant
Test simple à faire, il permet de facilement déterminer la qualité du métal. Si vous placez un aimant près de l’objet et qu’il y a une attirance, c’est qu’il n’est pas en métal précieux. Dans le cas où il ne se passe rien, vous ne savez pas pour autant de quel métal il s’agit.
- S’adresser à un professionnel
L’expertise d’un professionnel est donc le meilleur moyen de connaître la nature du métal précieux, sa provenance et son titre : il a tous les outils nécessaires et maîtrise les techniques (maîtrise d’identification chimique par exemple) afin de réaliser une analyse précise et fiable.
Les poinçons sur l’or étranger
Comme nous l’avons dit plus haut, les bijoux fabriqués à l’étranger ne portent pas les mêmes poinçons. Pour autant, de 1919 à 1993, ceux destinés au marché français devaient comporter un charançon comme poinçon : il attestait que les taxes avaient été acquittées, mais aussi que les bijoux étaient bien en or massif.
Les bijoux d’occasion en or importés en France doivent aujourd’hui avoir un hibou poinçonné pour de l’or à 18 carats.
Il existe néanmoins un poinçon commun pour l’Europe, déterminé par la convention de Vienne, à savoir une balance avec le taux de métal précieux entre les deux plateaux, apposé à côté du poinçon du bureau de contrôle national. Là encore, mieux vaut faire appel à un professionnel pour évaluer la teneur en métal précieux d’un ouvrage provenant de l’étranger.
Les poinçons utilisés pour l’or d’investissement
Yannick Colleux, spécialiste en investissement dans les métaux précieux, définit l’or d’investissement comme étant « le statut reconnu à un produit physique pour lequel la pureté est prouvée (par le poinçon d’un essayeur-fondeur reconnu pour la Suisse et par celui d’un Bureau de Garantie pour la France), pour appartenir à une catégorie fiscale ». Au même titre que les bijoux et autres ouvrages en métaux précieux, l’or d’investissement dispose de ses propres poinçons.
- Poinçon présent sur les pièces Vera Valor
Cette pièce lingot créée par AuCOFFRE.com est dotée d’un poinçon de l’essayeur fondeur, à savoir Valcambi, qui atteste ainsi de son titre est de 999,9 millièmes. La simple présence d’un poinçon de l’essayeur fondeur sur un produit pur comme la Vera Valor avec son titre de 999,9 millièmes le rend acceptable par le London Bullion Market Association (LBMA) sur les marchés.
- Le poinçon sur les lingots
Les lingots ont un titre de minimum 995 millièmes. Ils comportent obligatoirement le poinçon du fondeur : il permet ainsi d’attester sa provenance et son authenticité. Un certificat de l’essayeur agréé assurant sa pureté est fourni.
- Le poinçon sur les plaquettes et les jetons
Les plaquettes ainsi que les jetons doivent impérativement avoir le poinçon de l’essayeur fondeur. Ils sont aussi numérotés individuellement et fournis avec un certificat.
Les poinçons sont utilisés aujourd’hui pour garantir l’authenticité de votre produit composé d’un ou plusieurs métaux précieux et ils permettent de connaître le fabricant et le titrage (la composition) de ce dernier. Ils bénéficient d’une histoire riche et complexe qui s’entremêle avec l’histoire de France et de chacune de ses régions.