Tout le monde connaît la monnaie. Tout le monde l’utilise, la manipule au quotidien, en version physique ou dématérialisée. Mais comment est-elle créée et par qui ? Quels sont les enjeux et les conséquences de la création monétaire, qui ne se limite pas qu’à l’impression de billets ?
Qu’est-ce que la monnaie ?
Monnaie fiduciaire ou monnaie scripturale
La monnaie n’est pas toujours littéralement palpable ! Pour bien comprendre ce qu’est la monnaie, il faut distinguer la monnaie physique de la monnaie dématérialisée :
- Les pièces et les billets à cours légal qui constituent la monnaie fiduciaire ;
- Et la monnaie scripturale qui désigne les écritures sur les comptes bancaires (les sommes indiquées sur un relevé de banque, par exemple) et qui se trouve au cœur des effets sur l’économie.
Quelle que soit sa forme, la monnaie remplit trois fonctions :
- Unité de compte ;
- Réserve de valeur qui permet d’épargner du pouvoir d’achat ;
- Intermédiaire des échanges (moyen de paiement).
Aristote fut le premier à théoriser ces fonctions bien avant notre ère, entre 335 et 333 av. JC.
Qui crée la monnaie ?
Plusieurs acteurs interviennent dans la création monétaire : les banques centrales et les banques commerciales.
- Les banques centrales créent la monnaie fiduciaire (frappe de pièces et impression de billets) et influencent la création de monnaie scripturale en fonction de leurs politiques.
- Les banques commerciales créent quant à elles de la monnaie scripturale lorsqu’elles accordent des crédits aux entreprises et aux particuliers.
La création monétaire en chiffres
– 14 696 milliards d’euros : masse monétaire en circulation dans la zone euro (fin décembre 2021) ;
– 91 % : part de la monnaie scripturale en circulation dans la zone euro ;
– 57 % : part des paiements en carte bancaire en France.
Qu’est-ce que la « planche à billets » ?
À l’origine, la planche à billets n’est autre que le dispositif technique permettant d’imprimer des billets de banque. Un mécanisme de création monétaire, en somme. Et c’est précisément de là que vient l’expression « faire tourner la planche à billets » !
Quand une banque centrale fait marcher cette fameuse planche – et donc crée de la monnaie – elle le fait de manière virtuelle, prétendument pour relancer l’économie sur décision de l’État. La monnaie ainsi créée ne repose en réalité sur aucune richesse, mais elle permet de financer la dette publique.

Comment le crédit bancaire contribue-t-il à la création monétaire ?
Quand « les crédits font les dépôts »
Une autre expression liée à la création monétaire. « Les crédits font les dépôts » indique que les banques commerciales créent de la monnaie dès lors qu’elles accordent des crédits. En d’autres termes, le montant de l’emprunt devient visible sur le compte bancaire de l’entreprise ou du particulier sous forme de monnaie scripturale (le dépôt). Dès lors que la somme est réinjectée dans l’économie, on considère que la monnaie a été créée.
Mais il existe des limites à la création monétaire par les banques
Les banques commerciales ne peuvent pas créer de la monnaie en toute liberté ni de manière illimitée. Elles sont en effet soumises à des réglementations qui leur impose un minimum de prudence : les banques ne doivent pas et ne peuvent pas prendre trop de risques en accordant des crédits.
Pour cela, elles doivent s’en tenir à un ratio de solvabilité de 8 % entre leurs fonds propres et le montant de leurs engagements. Elles analysent également les capacités de remboursement des clients qui sollicitent des crédits, au moyen de procédures internes. Si le risque de défaut de paiement est jugé trop important, l’emprunt est refusé et la banque ne crée pas de monnaie.
Le rôle de la banque centrale dans la création monétaire et l’économie
Les conséquences des politiques monétaires sur la création de monnaie scripturale
Outre l’émission de monnaie fiduciaire, les banques centrales conduisent les politiques monétaires au sein d’un État ou d’une zone monétaire. C’est le cas de la BCE, Banque Centrale Européenne, ou de la FED, Réserve fédérale des États-Unis. Elles ne créent pas directement la monnaie scripturale, mais régulent la masse monétaire en circulation et fixent les taux d’intérêt directeurs (taux auxquels les banques commerciales empruntent auprès de la banque centrale). En faisant varier ces taux à la hausse ou à la baisse, une banque centrale agit aussi sur les taux auxquels les entreprises et particuliers empruntent aux banques. Par extension, elle influence les capacités d’emprunt et la création de monnaie : lorsque les taux montent, les crédits ralentissent. Quand ils baissent, la création monétaire est stimulée.

Quels sont les effets des interventions de la banque centrale sur l’économie ?
Prenons l’exemple de la zone euro où la BCE a pour mission d’assurer la stabilité des prix en visant un taux d’inflation à 2 % à moyen terme (pour rappel : 6,1 % en juin 2023). Lorsqu’elle fait varier les taux directeurs, elle joue sur d’autres canaux avec des conséquences sur le pouvoir d’achat.
C’est aussi le moment où l’on reparle de la planche à billets ! Décider de la faire marcher au sens figuré demeure une stratégie risquée. Cette création monétaire sans création de richesse entraîne une hausse des prix, une dévaluation de la monnaie et une situation d’inflation.
La création monétaire et le cours de l’or
Impossible d’évoquer la monnaie sans parler du métal précieux qu’est l’or, qui fut utilisé depuis la nuit des temps sous forme des pièces comme monnaie d’échange. De nos jours, depuis la fin des accords de Bretton-Woods et de l’étalon-or en 1971, il n’existe plus de lien entre la création de monnaie et l’or. La monnaie n’est plus adossée à un actif tangible qu’est le métal jaune, ce qui tend à affaiblir sa fonction de réserve de valeur.
Pour autant, le cours de l’or demeure influencé par les politiques monétaires et la création de monnaie. On dit qu’il est contracyclique : l’or ne perd pas de valeur en temps de crise. Au contraire, il aurait même tendance à en prendre. Ainsi, le cours de l’or suite des tendances haussières en périodes d’inflation et de dévaluation de la monnaie (particulièrement quand le cours du dollar baisse). Il est également influencé par les variations des taux directeurs. Quand la Fed monte les taux, le cours du dollar remonte et l’or est délaissé au profit d’autres investissements plus favorables.
