Quelle que soit leur époque, les monnaies présentent une grande variété. Mais afin de pouvoir les identifier, encore faut-il savoir les « lire ». Car chaque monnaie délivre de nombreux messages que l’on ne perçoit pas nécessairement au premier regard. Et ces messages sont très importants à la fois pour classer le spécimen, mais aussi pour en déterminer la valeur.
Nous utiliserons pour l’exemple une pièce de 50 francs or Napoléon III.
Atelier : Jusqu’au début du XXᵉ siècle, un grand nombre de villes possédaient leur propre atelier monétaire. Depuis François 1ᵉʳ, afin d’identifier ces hôtels des monnaies, une lettre distinctive est apposée sur les pièces. Cette lettre disparaîtra après la Première guerre mondiale, lorsque la frappe de la monnaie sera, en France, uniquement concentrée à Paris.
Vous la voyez ici, à gauche, du millésime. Il s’agit de la lettre A, donc une pièce frappée à Paris (B pour Rouen, K pour Bordeaux….). Cette pratique n’est pas une simple curiosité, mais elle permettait à la Cour des Monnaies de pouvoir reconnaître les espèces en circulation pour pouvoir en apprécier la qualité. Et ensuite, si nécessaire, de sanctionner les directeurs de ces ateliers qui n’auraient pas été assez vigilants quant à la qualité de leur fabrication.
Cet élément est très important, car, combiné au millésime (cf supra), il va permettre de déterminer la rareté de la monnaie par référence à son tirage. Par exemple, cette monnaie frappée à Paris en 1865 a été tirée à 3 740 exemplaires seulement. Sa valeur va donc être très supérieure à la même pièce émise à Paris en 1866 qui a, elle, été tirée à 39 155 exemplaires.
Avers / Revers : On dit aussi pile ou face. L’avers est le côté de la pièce ou se lit le nom de l’autorité émettrice. Sur cette pièce, c’est le côté présentant le portrait du souverain. Le revers porte la valeur faciale.
Date (ou millésime) : Cet usage n’apparaît en France qu’à partir de François 1° pour être généralisé par Henri II. Elle figure ici au revers, au bas des armoiries (1865).
Différents : Il s’agit de marques spéciales figurant souvent de part et d’autre de la date. Ils servent soit à désigner le directeur et le graveur de l’atelier. Sur cette pièce, le nom du graveur, Barre (Désiré-Albert), figure sous le buste du souverain et le différent du directeur de la Monnaie de Paris, Jean-Pierre Collot, une ancre à droite de la date.
État : C’est un élément qui peut paraître subjectif, mais qui est de toute première importance pour fixer la valeur d’une monnaie, quelle qu’elle soit. Même pour une pièce très courante, si elle est en parfait état, elle vaudra des dizaines de fois plus cher qu’une pièce qui a beaucoup circulé. En France, on utilise une échelle de valeur de 5 catégories : Beau (qui, en fait, signifie très usé !), TB, TTB, SUP et FDC (Fleur de Coin). Les anglo-saxons utilisent, eux, un système dit de « grading » basé sur 70 états de conservation allant de F0 à MS70. Il existe deux grandes maisons de grading reconnues mondialement, NGC (fondée en 1987) et PCGS (fondée en 1985). Ce sont ces sociétés qui vont établir ce classement puis les pièces vont être mises dans des boites transparentes scellées afin que, par la suite, l’état des pièces ne se détériore pas. Ce qui constitue une garantie pour l’acheteur qui, au moment de la revendre, pourra se prévaloir de cet état.
Exergue : C’est l’espace situé au bas de la pièce et qui va recevoir une date, une inscription, une marque…
Flan : C’est le nom donné à la rondelle de métal préparée pour la frappe, mais encore vierge d’inscription.
Grénetis : C’est un rang de petits grains en relief qui détermine une zone particulière d’une monnaie. Ici, il est placé à l’entour.
Légende : Depuis la Révolution française, les légendes sont en français. Sur cette monnaie, on trouve à l’avers NAPOLEON III EMPEREUR. Et au revers EMPIRE FRANÇAIS.
Listel : C’est la bordure lisse, en relief, qui fait le tour de la pièce. Son utilité : empêcher l’usure des reliefs de la pièce lorsqu’elles sont empilées les unes sur les autres.
Métal : Pour l’essentiel, trois métaux monétaires ont été utilisés jusqu’à la Guerre 1914-18 : l’or, l’argent et le bronze. Cette monnaie est en or. À partir de la Première guerre mondiale, les métaux monétaires se diversifient pour laisser place à des alliages ou des métaux sans valeur propre.
Module : C’est le diamètre de la pièce, généralement exprimé en millimètres. Cette monnaie mesure 28 mm.
Poids : Pour chaque émission de monnaie, on définit un poids strict, car le poids de métal précieux contenu était directement en rapport avec sa valeur faciale. Ici la pièce pèse 16,12 g. C’est un élément important parce qu’il permet de savoir si la pièce n’a pas été altérée (manque de métal), ou s’il ne s’agit pas d’une contrefaçon. Si, en France, le poids est défini en gramme, dans la majorité des autres pays, il l’est en once (1 once = 31,104 grammes).
Symbolique : Depuis leur apparition, les monnaies ont, outre leurs fonctions économiques, été utilisées comme des vecteurs de propagande politique. C’était d’autant plus important que, jusqu’à la fin du XVIIIᵉ siècle, la monnaie était le secteur vecteur largement utilisé permettant de connaître le portrait d’un souverain. Elles sont donc souvent le support de représentations symboliques. C’est le cas, sur cette pièce. L’avers montre la tête à droite de Napoléon III avec moustache et petite barbe au menton, portant une couronne de lauriers, symbole d’autorité et de victoire. Le revers montre les armoiries du Second Empire. Le centre présente l’aigle impérial ; autour figure le collier de la Légion d’Honneur. Le manteau derrière porte hermines et abeilles (symbole de Napoléon Iᵉʳ) et, il est traversé par le sceptre (à droite) et la « main de justice » (à gauche) symboles du pouvoir.
Titre : Il s’agit de la quantité de métal pur contenu dans la pièce. Ici, il est de 900 millièmes. C’est un élément très important, car, du moins pour les monnaies en métal précieux, il va souvent définir le cours de ces pièces en faisant un ratio poids/titre et en le comparant aux cours du métal pur. Notez que, aujourd’hui, nombre de monnaies de placement (dites Bullion Coins), sont en or quasi pur dit 999).
Traitement de surface : Depuis le vingtième siècle sont apparus des traitements de surface au moment de la frappe, eux-mêmes dus au traitement des coins monétaires. Tout d’abord la qualité « Fleur de coin » qui correspond aux toutes premières pièces frappées avec des coins neufs, sans défaut. Puis sont apparues les qualités BU (Brillant universel) pour lesquelles le coin est soigneusement et spécialement poli, et « proof » ou « épreuve », pour lesquelles les coins font l’objet d’un sablage sectoriel qui, à la frappe, vont donner des surfaces mates en alternance avec des surfaces brillantes. C’est la qualité la plus fine de ce type de fabrication. En même temps, ce type de pièce, presque toujours présentées sous capsule protectrice, ne doit pas être manipulé avec les doigts, car cela altérerait le traitement de surface et dévaloriserait immédiatement la pièce.
Tranche : C’est la surface qui marque l’épaisseur de la monnaie. Jusqu’au XVIIᵉ siècle, elle ne porte pas de marque ou d’inscription, d’une part parce que les pièces sont très peu épaisses et, d’autre part, parce qu’on ne maîtrise pas encore la technique de marquage sur la tranche. Son état doit, néanmoins, être très surveillé, car la monnaie a pu être victime de rognage. Cette manœuvre consiste à retirer sur chaque pièce un peu de métal précieux qui sera, par la suite, refondu. Ce faisant, on altère la valeur de la pièce : d’où l’importance de ce marquage de la tranche qui montre qu’elle n’a pas été rognée. Ici la tranche porte la légende DIEU PROTÈGE LA FRANCE.
Type : C’est la typologie principale de la pièce qui va lui donner son nom. Ici, on l’appelle 50 Francs Napoléon III, tête laurée (car il existe un modèle antérieur à la tête non laurée).
Valeur faciale : Depuis la Révolution, la valeur de la pièce est inscrite, ce qui n’était pas le cas auparavant en France. C’est une valeur d’émission. Cette monnaie est originale, car, depuis la création du franc germinal, la plus forte valeur faciale émise était une pièce de 40 francs. Napoléon III en fait frapper de 50 et 100 francs, symboles à la fois du faste du régime et de la très grande quantité d’or qui circulait alors. Notez qu’il a également été le premier à faire émettre de petites pièces de 10 francs en or.
bonjour, je suis détenteur d’une pièce 1 ponce d’élisabeth II – année 2016 excellent état
est-il possible d’avoir une evaluation ?
cordialement
Patrice Wasescha