Saviez-vous que certaines pièces Napoléon 20 francs sont considérées comme des jetons, et à ce titre bénéficient d’une fiscalité différente ? Il s’agit des Marianne Coq refrappe Pinay, produites dans les années 50. Voici leur histoire… et des indices pour mieux faire la différence entre une Marianne Coq « classique », et une Marianne Coq “refrappe Pinay”.
Le Napoléon 20 francs Marianne Coq : genèse d’une pièce emblématique
Dans la famille des Napoléon 20 francs, demandez la Marianne Coq ! Cette pièce d’or, initialement frappée entre 1899 et 1914, est une pièce empreinte d’histoire. D’abord parce qu’elle a connu deux types, révélateurs des évolutions de l’époque. Mais aussi parce qu’il s’agit d’une pièce refrappée entre 1951 et 1960, à une époque où la France a eu besoin de redorer le blason du franc et de donner des couleurs à ses finances.
Le Napoléon : une pièce emblématique aux multiples profils
Depuis les premières pièces d’or frappées en 1803 après la Révolution française, le Napoléon 20 francs a connu plusieurs profils. Les caractéristiques de la pièce qui a remplacé le Louis d’or sont toujours restées les mêmes : 21 mm de diamètre pour un poids de 6,45 grammes et un titre de 900 millièmes, soit 5,81 grammes d’or pur. Ces caractéristiques ont servi de socle aux pièces d’or de l’Union latine en 1865 : c’est pour cette raison que les 20 lires Marengo italiennes ou les 20 francs Vreneli (Suisse) présentent un aspect similaire.
L’autre particularité du Napoléon 20 francs, c’est la façon dont le profil de la pièce a évolué avec les différents régimes qui se sont succédé, de l’Empire à la République. Napoléon Bonaparte premier consul puis empereur, les rois Louis XVIII, Charles X et Louis Philippe ont figuré sur la pièce. Elle a aussi porté l’effigie de Cérès (Deuxième République), de Napoléon III, du Génie et de Marianne pour la IIIe République.
La Marianne Coq 20 francs, la pièce d’or de la IIIe République
Le Napoléon 20 francs Marianne Coq, ou simplement « Marianne », est frappé à partir de 1899. Sur son avers, figure Marianne coiffée d’un bonnet phrygien. Cette figure symbolique de la République française est gravée par Jules-Clément Chaplain. Sur le revers de la pièce se trouve un coq, autre symbole de la France.
Outre le fait d’avoir été frappée à une période où la France rayonne à l’international, la Marianne Coq présente une particularité : elle témoigne des évolutions françaises. Et notamment de la façon dont la loi de séparation de l’Église et de l’État s’est appliquée après 1905. La devise « Dieu protège la France » gravée sur la pièce a ainsi été remplacée, dès 1906, par la devise « Liberté Égalité Fraternité ». Tout un symbole… et deux Marianne Coq très similaires mais néanmoins différentes.
Jusqu’en 1914, près de 117 millions de Marianne Coq sont frappées et circulent entre les mains des Français.
La refrappe Pinay : redorer l’image du franc après la guerre
L’histoire de la Marianne Coq ne s’arrête pas là. La pièce n’est plus produite pendant la Première Guerre mondiale, mais elle connaît une première refrappe en 1921, qui reste peu documentée.
L’opération est renouvelée à partir de juin 1951. Il s’agit alors pour le gouvernement français, et pour le président du Conseil Antoine Pinay, de renflouer ses stocks d’or et de redorer la valeur du franc, à l’international comme au niveau national. Les Français doivent pouvoir reprendre confiance dans leur propre monnaie, après des années de guerre. Le gouvernement frappe des Marianne Coq semblables à celles de 1907 et 1914. Comme leurs aînées, elles portent la devise française sur la tranche. La valeur faciale est similaire, tout comme la gravure : l’Hôtel des Monnaies utilise d’ailleurs les mêmes coins qu’à l’époque.
Comment différencier une Marianne Coq d’origine et une refrappe Pinay ?
Plusieurs détails permettent de différencier les Marianne Coq d’origine avec les refrappes Pinay.

- La couleur : les refrappes Pinay ont une teinte légèrement plus rougeâtre, qui s’explique par un taux de cuivre supérieur à celui des pièces frappées entre 1899 et 1914 ;
- La composition des pièces : les refrappes Pinay présentent un titre en or qui varie entre 898 et 900 millièmes. Leur alliage est composé d’un peu plus de cuivre et il contient aussi des traces d’argent. Les Marianne Coq 1899 – 1914 ont un titre qui peut s’approcher des 902 millièmes. Autrement dit, les refrappes ont moins d’or que les originales.
Astuce : La différence de composition est mesurée par un spectromètre. Pour vérifier si votre Marianne Coq millésimée entre 1907 et 1914 est une refrappe Pinay ou non, pensez à faire appel à un professionnel !

- Leur état : comme elles n’ont pas circulé, les Marianne Coq jeton (Pinay) présentent dans presque 100 % des cas un état Splendide (SPL). C’est aussi ce qui leur donne leur valeur.
A savoir : sur la plateforme AuCOFFRE.com, les Marianne Coq refrappe Pinay sont identifiées dans leur descriptif. 100 % des Napoléon 20 francs Marianne Coq indiquées de qualité SPL sont des refrappes.
Marianne Coq jeton : pourquoi cette pièce est intéressante ?
Les Marianne Coq refrappe Pinay bénéficient d’un statut différent des autres pièces d’or Napoléon 20 francs : elles sont considérées comme des jetons. Et si la distinction est particulièrement intéressante pour les investisseurs, c’est tout simplement parce que la fiscalité est différente.
Les jetons n’ont pas cours légal, ils ne constituent pas des moyens de paiement légaux, ce ne sont pas des pièces. Les jetons entrent dans la catégorie fiscale des bijoux et assimilés (CFBA). En clair, lorsque vous revendez des jetons – dont la Marianne Coq 20 francs Pinay -, vous bénéficiez d’une exonération pour toute vente en dessous de 5 000 euros. Et si le montant dépasse 5 000 euros, vous pouvez choisir entre deux façons de vous acquitter de la taxe à la revente :
- Soit une taxe forfaitaire à 6,5 % ;
- Soit une taxe sur la plus-value des biens meubles, comme c’est le cas pour les pièces d’or d’investissement, qui s’élève à 36,2 % sur la plus-value. Un abattement de 5 % s’applique à partir de la troisième année de détention, et une exonération complète après 22 années de détention.
Bon à savoir : cette franchise de taxe pour les ventes de moins de 5 000 €, qui s’applique pour les Marianne Coq jeton, est la même que celle qui s’applique pour les Vera Valor, les 50 pesos de 1947 ou les 20 francs suisse 1935 L par exemple. De l’intérêt de bien choisir ses pièces !
Le passage sur les pièces Napoléon jetons avec Jean-François Faure à partir de 1h27’09 »