La ruée vers l’or de 1848, en Californie, est celle qui est le plus souvent évoquée par les livres d’histoire lorsqu’on se penche sur les événements qui ont façonné les États-Unis. Mais ce n’est pas la seule : depuis 1799, les jeunes états américains ont en fait vécu plusieurs ruées vers l’or. Ces événements ont eu un impact considérable sur l’économie, sur l’environnement et sur les populations, notamment autochtones. Voici cinq dates à retenir !
1804 : l’expédition Lewis et Clark et l’idée d’une « terre promise »
Troisième président des États-Unis (1801-1809), Thomas Jefferson contribue à l’expansion des jeunes en rachetant la Louisiane à la France en 1803. À l’époque, cette partie du continent ne se limite pas à la Louisiane telle que nous la connaissons aujourd’hui : elle couvre près d’un tiers des États-Unis. Une excellente affaire pour les états fondateurs !
Jefferson est aussi à l’origine de l’expédition des capitaines Lewis et Clark. À partir de 1804, ce corps expéditionnaire d’une trentaine de personnes, mené par les deux capitaines, entame un long voyage vers l’ouest. Objectif : ouvrir une route jusqu’à l’océan Pacifique, trouver des fleuves navigables, développer le commerce… en résumé, explorer les richesses de ces nouvelles terres.
Largement médiatisée, cette expédition contribue à faire naître un sentiment expansionniste. Jusqu’à devenir une croyance : celle de la « Destinée manifeste », une expression parue pour la première fois en 1845, et qui consiste à étendre au maximum les frontières du pays et à imposer une civilisation.
1828 : une première ruée vers l’or en Géorgie
L’expédition Lewis et Clark n’avait pas vraiment pour objectif la découverte d’or, et les deux explorateurs n’en ont d’ailleurs pas fait la publicité… même si le métal précieux était déjà connu des tribus amérindiennes. En 1828, de l’or est découvert dans l’état de Géorgie, dans les Appalaches, à peine trois décennies après des premières découvertes en Caroline du Nord (1799). Les férus de géographie retiendront que ces deux états sont situés dans la partie sud de la côte Est.
En 1830, près de 4 000 mineurs et orpailleurs sont installés en Géorgie. Le journal Nile’s Register, publié à l’époque, estime alors qu’ils produisent près de 300 onces d’or chaque jour. Cette découverte a pour conséquences l’expropriation et la déportation des tribus Cherokee : la même année, le président Andrew Jackson signe l’Indian Removal Act, qui conduira à une déportation connue sous le nom de « Piste des larmes » (Trail of tears). Cette ruée aurifère prend fin vers 1840.
1848 : l’or des « Forty-niners »
Les colons sont de plus en plus nombreux à s’installer à l’ouest, mais un événement transforme la conquête en ruée. Le 24 janvier 1848, James Marshall découvre une pépite d’or dans un cours d’eau à Fort Sutter, près de Sacramento (nord de la Californie). La découverte est tout à fait accidentelle : James Marshall travaille en fait à la scierie de John Sutter, un colon allemand à la tête d’un important domaine agricole. La nouvelle se répand et en août 1848, le New York Herald s’en fait le relais. De l’or en Californie ? De quoi intéresser les colons du monde entier, depuis l’Asie jusqu’à l’Europe. Le temps que les nouvelles voyagent et que les colons débarquent par chariot ou par bateau, et nous voilà en 1849. C’est ce qui explique que les colons soient appelés « forty-niners ». La Californie n’est même pas encore un état américain : elle le devient en 1850.
En 1851, la production d’or atteint 77 tonnes en Californie. L’or de Californie permet au gouvernement américain de frapper sa première pièce d’or de 20 dollars : la Liberty de Longacre.
1852 : le rêve californien, mais pas pour tous
Plus encore que l’espoir d’obtenir des terres, les colons sont motivés par l’idée de découvrir à leur tour les précieuses pépites d’or. Mais le rêve californien ne réussit pas à tous, d’autant que les chercheurs d’or sont nombreux : la population californienne a doublé en quelques années. La Californie compte près de 250 000 personnes en 1852. Cet afflux démographique a des effets sur le développement du territoire, avec notamment la mise en place du chemin de fer. Mais il entraîne aussi des conséquences sur l’environnement, et provoque la disparition des tribus amérindiennes. Les filons s’essoufflent à partir de 1856, et les colons aussi, surtout après que l’état de Californie commence à imposer une taxe aux mineurs étrangers.
Certaines villes, qui ont poussé comme des champignons, disparaissent aussi vite. C’est le cas de Bodie, une ville qui accueille jusqu’à 10 000 personnes jusque 1880 : c’est aujourd’hui une ville fantôme.
1896 : l’appel du grand Nord
Lorsque la rumeur fait état de filons d’or découverts dans le grand Nord, les mineurs et orpailleurs prennent la direction du Klondike et du Yukon (Canada), à la frontière avec l’Alaska. Entre les premières découvertes de métal précieux en août 1896 et l’arrivée de milliers de chercheurs d’or, il ne s’écoule que quelques mois. Mais les difficultés d’accès et, surtout, la rigueur de la région sont de véritables obstacles : les livres de Jack London (l’Appel de la forêt, Croc-Blanc) en sont de fidèles échos… l’auteur ayant lui-même tenté l’aventure. Cette ruée prend fin vers 1903. Mais elle marque fortement l’imaginaire du chercheur d’or. Outre les films tirés des livres de Jack London, le film La Ruée vers l’or de Charlie Chaplin montre aussi la rigueur de cette étonnante période.