Dirigeants de TPE ou de PME, directeurs administratifs et financiers : pour gérer votre trésorerie excédentaire, faut-il vous en tenir aux produits bancaires et assurantiels, ou bien envisager d’autres solutions, telles que l’or physique ?
Si son activité est profitable, votre entreprise dégage de la trésorerie excédentaire. Le cas échéant, plusieurs questions se posent à vous :
- La gestion comptable de votre trésorerie : faire en sorte d’avoir en permanence suffisamment de liquidités pour couvrir les dépenses (prévues et imprévues) de votre entreprise, et assurer sa stabilité financière ;
- La gestion financière de votre trésorerie : optimiser l’utilisation de vos liquidités en maximisant le rendement de vos excédents de trésorerie.
- La protection de votre trésorerie : éviter, en cas de crise majeure, de voir sa trésorerie emportée avec les produits financiers.
Les grands principes de la gestion de trésorerie
Les principes de bonne gestion de trésorerie sont les mêmes que ceux recommandés pour les finances des particuliers. Il s’agit grosso modo de diversifier le placement de sa trésorerie sur différents types de produits financiers ou non. Le choix interviendra en fonction de différents besoins du gestionnaire de l’entreprise c’est-à-dire la durée probable ou estimée pendant laquelle les sommes seront investies. Une règle de base est que plus l’horizon de placement est court moins le risque encouru doit être élevé (d’où une espérance de gain faible), et inversement.
Idem pour les mises en gardes. On ne peut pas à la fois obtenir une disponibilité élevée, une espérance de gain élevée et un niveau de risque faible : il faut choisir, sans quoi on a affaire à une arnaque !
Notez que je ferai ici spécifiquement référence aux entreprises, mais que ces remarques concernent en fait les personnes morales en général : sociétés civiles immobilières (SCI), holdings patrimoniales ou associations par exemple…
L’or présente-il des avantages pour placer la trésorerie d’une entreprise ?
Une entreprise peut-elle investir dans l’or physique ?
Aux Etats-Unis, l’exemple le plus marquant est sans doute la révélation par l’Université du Texas en 2011 qu’elle détenait 5% de son portefeuille en lingots d’or physiques dans les coffres de la HSBC à New York.
Rien ne s’oppose à ce qu’une personne morale détienne une partie de sa trésorerie sous forme d’or physique, aux Etats-Unis comme en France.
Bon à savoir : Le créateur de la plateforme AuCOFFRE.com avait investi la trésorerie de sa précédente entreprise en achetant des lingots et des pièces d’or. Une protection qui a prouvé son efficacité en 2008 quand la crise des subprimes a emporté la finance mondiale en quelques jours.Le cours de l’or s’est envolé, il a donc pu financer ce passage difficile pour l’économie.
L’or physique est-il un placement adapté à une entreprise ?
Tout d’abord, l’achat d’or physique n’est pas un placement financier comme ceux proposés par le secteur bancaire. En comptabilité, l’or acheté par une entreprise est un stock, pas un produit financier. Et c’est assez intéressant pour un chef d’entreprise. En effet, quand le cours de l’or baisse, la valeur du stock diminue mais cela veut dire que l’économie se porte bien. Le chiffre d’affaires et la rentabilité sont au mieux. Alors que le « poids du stock d’or » soit un peu plus faible ne pose pas de problème.
Quand il y a une crise, c’est l’inverse. Le stock d’or prend de la valeur, il permet de combler tout ou partie de la baisse de chiffre d’affaires et du bénéfice.
L’or est un actif très liquide
Caractéristiques principales :
- Plafond : aucun ;
- Disponibilité : permanente et très élevée si achat/vente via une plateforme en ligne, relativement élevée si stockage en coffre de banque. Globalement, l’or est l’un des actifs les plus liquides au monde… et ne fait pas l’objet de pénalités en cas de sortie anticipée !
Sur les deux graphiques ci-dessous[1] figure la performance[2] des principaux placements français sur la période 1972-2020, accompagnée de l’inflation : obligations de l’État français à 10 ans, or, livret A, SICAV monétaires (premier graphique), actions, et foncières cotées (second graphique).
Performance sur 10 ans glissants des placements monétaires, du livret A, des obligations et de l’or en France (1972-2020)
Performance sur 10 ans glissants des actions et des foncières françaises (1972-2020)
Qu’observe-t-on sur ces graphiques ?
- Performance : hormis entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, la courbe orange qui représente l’or se situe à un niveau beaucoup plus élevé que les courbes représentant les placements monétaires et obligataires. Globalement, elle se situe en revanche à un niveau moins élevé que la courbe représentant les actions (courbe verte sur le deuxième graphique). Cela signifie que sur cette période, l’or a en général été beaucoup plus performant que les placements monétaires et obligataires, mais moins performant que les actions.
- Risque : la courbe orange qui représente l’or se distingue franchement des courbes représentant les placements monétaires et obligataires. Elle est beaucoup moins aplatie. Pour autant, on n’a pas affaire à un spaghetti comme avec les actions (courbe verte sur le deuxième graphique). Cela signifie que sur cette période, l’or a en général été plus volatile, donc risqué, que les placements monétaires et obligataires, mais moins volatile que les actions.
Autrement dit, l’or fait l’objet de propriétés financières qui lui sont spécifiques, qui le distinguent des placements monétaires et des placements boursiers, et qui en font un excellent outil de « diversification de portefeuille », comme on dit en finance.
Ce n’est pas tout.
Une once d’or restera toujours une once d’or
Contrairement aux obligations qui sont des titres de dette, l’or n’est la dette de personne.
Contrairement à des actions, ou à une banque, l’or ne peut pas faire faillite.
Une once d’or restera toujours une once d’or, quoi qu’il arrive.
Avec le métal jaune, pas besoin de Fonds de garantie des dépôts !
La fiscalité de l’or peut être plus avantageuse que celle des autres placements
Une fiscalité qui peut être avantageuse
Tant que vos lingots et pièces de « trésorerie » ne sont pas vendues, elles ne sont pas fiscalisées. C’est bien la valeur du stock qui va l’être. Sachez cependant qu’il existe des stratégies pour investir dans l’or physique avec une fiscalité plus douce que les placements traditionnels.
L’or a toute sa place dans une gestion de trésorerie
La diversification est reine, et à chaque objectif son horizon de temps.
Le gérant de trésorerie a à sa disposition un panel de placements dans lequel l’or physique a toute sa place compte tenu de ses propriétés spécifiques.
L’or dispose d’au moins 4 avantages sur les autres placements traditionnels de trésorerie. Il se distingue par :
- Son haut niveau de liquidité ;
- Ses performances élevées depuis le début des années 2000 ;
- Une once d’or restera toujours une once d’or : l’or ne peut pas « faire faillite » ;
- Sa fiscalité potentiellement plus douce que celle des placements traditionnels.
Le panel de solutions à la disposition du gérant de trésorerie d’entreprise
est donc loin de s’arrêter aux produits bancaires et assurantiels !
Quels que soient les placements sur lesquels vous jetterez votre dévolu, gardez à l’esprit qu’il n’y a pas de martingale en ce bas monde : il faut choisir entre disponibilité, espérance de gain élevée et risque faible.
Quelle proportion d’or pour diversifier sa trésorerie d’entreprise ?
Certaines estiment qu’il faut 5 % à 10 % d’or dans un patrimoine (particulier ou d’entreprise).
Attention à ne pas avoir trop de stock d’or dans vos comptes. Vous n’êtes pas un négociant en métaux précieux. Et il ne faudrait pas que les autorités le considèrent ainsi. Donc il faut rester très raisonnable.
Si vous êtes dirigeants de TPM/PME, micro-entrepreneur ou profession libérale et que vous souhaitez investir dans l’or avec votre entreprise, AuCOFFRE.com vous accompagne ICI
Quelles sont les solutions traditionnelles pour placer sa trésorerie d’entreprise ?
Dans l’immense majorité des cas, la gestion financière de la trésorerie d’entreprise est assurée au travers de produits bancaires et assurantiels.
On distingue 4 grandes familles de produits, qui se distinguent par leur niveau de liquidité, l’espérance de gain et le niveau de risque accepté.
Le compte courant professionnel
Caractéristiques principales :
- Plafond : aucun ;
- Disponibilité : maximum ;
- Performance : nulle ;
- Risque : selon votre banquier, sans doute aucun. Et pour cause, en cas de faillite bancaire, le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR) assure chaque déposant (entreprises de toutes tailles incluses, et ce quel que soit leur statut) à concurrence de 100 000 € par établissement.
Remarques :
- Performance : le pouvoir d’achat de la trésorerie placée sur un compte courant est rognée par l’inflation. Chaque jour, vous perdez de l’argent ;
- Risque : à fin 2022, le FGDR comptait près de 7 Mds€ de « ressources mobilisables à tout moment », face à des dépôts éligibles qui se montaient à l’époque à… 1400 Mds€. Avec un taux de couverture de 0,5%, cette garantie est tout ce qu’il y a de plus théorique !
Le compte à terme (CAT) et le compte sur livret (CSL)
Le CAT est le placement préféré des entreprises.
Caractéristiques principales :
- Plafond : varie d’un contrat à l’autre, fonction des conditions fixées par l’établissement bancaire ;
- Disponibilité : fonction de la durée d’immobilisation (entre 1 mois et 5 ans) ;
- Performance : connue d’avance, s’agissant d’un placement à taux généralement fixe (lorsqu’il n’est pas progressif ou variable). Celle-ci dépend des taux sur le marché monétaire (c’est-à-dire la dette d’État à court terme) et de la durée d’immobilisation, mais varie en fonction de la politique commerciale de la banque ; comptez dans les 3% et des brouettes à janvier 2024.
- Risque : idem compte courant.
Remarques :
- Performance : ces dernières années, le rendement de la trésorerie placée sur un CAT ou un CSL était la plupart du temps inférieur au niveau de l’inflation, au sens de l’augmentation des prix à la consommation. Par ailleurs, il faut prendre en compte d’autres éléments qui viennent rogner le rendement net :
- Attention à la fiscalité des intérêts : le taux de rendement est la plupart du temps présenté brut de fiscalité ;
- Attention aux conditions de sortie prévues ainsi qu’aux frais afférents, en particulier en cas de retrait avant le terme prévu. En clair, si vous êtes pris de court au niveau de la gestion comptable de votre trésorerie et que vous devez retirer de l’argent avant le terme, vous devez faire une croix sur les intérêts prévus (pénalités en cas de sortie anticipée) ;
- Intéressant en période de taux d’intérêt élevés et d’inflation faible ;
- Risque : attention au caractère théorique de la garantie étatique (idem compte courant).
Le compte-titres ordinaire (CTO)
Caractéristiques principales :
- Plafond : aucun ;
- Disponibilité : élevée (le temps d’un virement depuis votre broker jusqu’à votre compte courant) ;
- Performance : potentiellement très élevée puisque le CTO permet d’accéder à un très large panel de supports, dont les actions, l’immobilier, et tous types de fonds d’investissement ;
- Risque : il n’y a pas de gain sans risque, et les actions figurent parmi les actifs les plus volatiles, donc risqués.
Remarques :
- Disponibilité/Risque : le CTO est à privilégier pour le long terme. La bourse, c’est généralement l’inverse du casino : au plus longtemps vous y restez, au plus vous avez de chances de gagner.
- Performance : attention à la fiscalité : il n’y a pas grand-chose à optimiser à ce niveau-là sur le CTO, contrairement au PEA (mais les personnes morales n’y sont pas éligibles).
Le contrat de capitalisation
Caractéristiques principales :
- Plafond : aucun ;
- Disponibilité : assez élevée (le temps que soit réalisé le rachat, puis que l’argent soit viré depuis votre assureur jusqu’à votre compte courant) ;
- Performance : idem CTO ;
- Risque : idem CTO.
Remarques :
- Disponibilité/Risque : comme le CTO, le contrat de capitalisation est à privilégier pour le long terme.
- Performance : attention aux frais (de versement, d’arbitrages, de gestion, qui peuvent être très élevés) ; la fiscalité de ce type de placement, relativement douce pour les particuliers (puisqu’il s’agit – comme le contrat d’assurance-vie – d’une enveloppe capitalisante, c’est-à-dire que les plus-values sont imposées seulement en cas de rachat partiel ou total), est différente pour les personnes morales. Le contrat de capitalisation pour personne morale est imposé chaque année, même en l’absence de rachat, sur la base d’une plus-value latente forfaitaire calculée selon le taux moyen d’emprunt d’État (TME) en vigueur lors de la souscription.
Retrouvez les sources de cet article sur les placements de trésorerie
Chronique de Jean-François Faure sur l’or comme placement de trésorerie pour Entreprendre.fr
Les liens sources et les notes dans l’article
[1] IEIF, « 40 ans de performances comparées 1980-2020 : les placements à l’épreuve de la crise sanitaire », étude réalisée par Charles-Henri de Marignan, septembre 2021.
[2] Ou, plus exactement, taux de rendement interne (TRI) des placements français moyennés sur 10 ans glissants. En clair, ce graphique représente chaque année la moyenne de la performance de ces classes d’actifs au cours des 10 dernières années.
[3] Pour 2023, le niveau d’inflation est une estimation car nous restons dans l’attente du chiffre officiel de l’INSEE.