Les réserves d’or d’un pays assurent sa stabilité économique. Mais où sont conservées ces milliers de tonnes d’or, et dans quelles conditions ? Pourquoi certaines banques centrales rapatrient leurs réserves d’or ? L’Académie vous en dit plus sur ce véritable enjeu de souveraineté.
Dans quels lieux sont conservés les lingots d’or des banques centrales ?
Vous avez peut-être déjà une idée de la localisation de certains coffres des banques centrales. Mais n’espérez pas une visite : il s’agit de lieux aux accès très réglementés. Ces installations sont conçues pour résister à diverses menaces : les vols bien sûr, mais également les catastrophes naturelles ou les conflits. Voici où est gardé l’or en France, aux États-Unis, en Angleterre et en Russie.
L’or français à 27 mètres sous terre
La Banque de France, par exemple, conserve une partie de l’or français à 27 mètres sous terre. La bien-nommée Souterraine est située sous l’Hôtel de Toulouse à Paris, siège de l’institution française. L’or y est stocké depuis 1927 dans un espace qui pourrait accueillir tout l’or du monde, soit… 180 000 tonnes.
Aux États-Unis, l’or sous bonne garde du département du Trésor
Le département du Trésor, qui gère les réserves monétaires du pays, recense plusieurs lieux de stockage. Parmi les plus connus :
- Un dépôt sécurisé à West Point (état de New York) : il s’agit également du lieu où les pièces américaines sont frappées par l’US Mint ;
- Les coffres de la Banque fédérale américaine à New York, au sous-sol d’un immeuble à Manhattan. Il s’agit principalement d’un lieu de garde : la Fed y conserve l’or confié par des puissances étrangères ;
- Et enfin l’installation ultra sécurisée dans le camp militaire Fort Knox, dans le Kentucky, où sont entreposées 4 175 des 8 133 tonnes d’or de la réserve américaine.
Le département du Trésor stocke également ses métaux précieux à Denver (Colorado) et à San Francisco (Californie).
Le saviez-vous ? La série La Casa de Papel montre, dans la saison 3, ce qui pourrait être le système de sécurité de la Banque d’Espagne : une chambre forte inondable en cas d’infraction.
À Londres, la Banque d’Angleterre stocke de l’or dans 8 salles sécurisées
C’est l’une des places fortes de l’or : à Londres, la Bank of England stocke des milliers de tonnes du métal précieux dans 8 salles. Il ne s’agit pas uniquement des réserves britanniques. La BoE conserve également les réserves confiées par des puissances étrangères. Dans un rapport publié en 2016, l’institution avait annoncé garder 400 000 barres d’or, soit près de 5 000 tonnes.
En 2015, le Guardian avait exceptionnellement été invité à visiter les sous-sols de la banque. Le journal britannique avait décrit « une atmosphère de bunker nucléaire », avec 8 salles fortes réparties sur deux étages, des couloirs interminables et d’épaisses portes de sécurité.
Bon à savoir : le format des barres d’or stockées par les banques centrales est standardisé. Il s’agit de lingots de 400 onces, environ 12,4 kg. Ces lingots portent plusieurs mentions, qui attestent de leur pureté en or et de leur origine. Ce standard « Good Delivery » facilite la transparence et les échanges (achat ou vente).
L’or russe conservé à Moscou, Saint-Pétersbourg et Ekaterinbourg
Depuis son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine s’est attaché à reconstituer les réserves d’or de la Russie. Le pays figure désormais au 5e rang mondial, avec un stock estimé à 2 335,9 tonnes. Ce trésor serait principalement conservé sur le sol russe : à Moscou, dans les coffres de la Banque centrale russe à Saint-Pétersbourg. Ainsi qu’à Ekaterinbourg : cette ville concentre une partie de l’extraction aurifère du pays.
À Saint-Pétersbourg, un reportage réalisé par le Komsomolskaïa Pravda en 2017 montre d’interminables rangées de conteneurs plombés, dans lesquels sont alignées les lingots d’or. Les manipulations sont assurées par une « brigade de la Banque centrale ».
Pourquoi une partie de l’or des banques centrales est stockée à l’étranger ?
Les coffres de la Banque de France, de la Banque d’Angleterre ou encore ceux de la Federal Reserve à New-York stockent aussi les lingots d’or confiés par des puissances étrangères. Il s’agit à la fois d’un choix pratique, pour faciliter des transactions par exemple, que stratégique : mettre son or bien à l’abri !
Protéger les réserves d’or en cas de guerre ou de crise politique
Placer l’or dans les coffres d’un pays neutre le protège des risques de spoliation. C’est également le cas lorsque le métal précieux est conservé par un pays qui ne craint pas les risques d’invasion. C’est ce qui s’est passé en 1940, lorsque la France a évacué son or en urgence face à l’invasion allemande. Les lingots français ont alors été envoyés à Dakar et à New-York. Pour cette même raison, craignant une invasion russe, l’Allemagne de l’Ouest a confié son or à la France et aux États-Unis pendant la Guerre froide.
Faciliter les transactions internationales
Le stockage auprès des places fortes financières mondiales simplifie les échanges. Les transactions sont centralisées auprès de banques qui jouent le rôle d’un « hub financier de l’or » : New York ou Londres notamment. Ainsi, lorsqu’un pays décide de vendre de l’or à un autre pays, les lingots ne changent pas de place : ils sont attribués à leur nouveau propriétaire. Moins de manipulations, moins de risques, et des opérations plus rapides.
Profiter d’infrastructures sécurisées et adaptées
Les banques centrales peuvent aussi décider de stocker leur or à l’étranger pour une raison toute simple : elles ne disposent pas forcément de coffres adaptés. Quand on sait que la valeur d’un seul lingot de 14 kg dépasse 1,317 million d’euros (au cours d’avril 2025), la sécurité devient vite un point stratégique.
Rapatrier son or sur son propre sol : un acte souverain
En Allemagne, la Bundesbank organise le rapatriement de son or depuis plusieurs années. Ce n’est pas la seule Banque centrale qui applique cette stratégie : le Nigéria et l’Afrique du Sud ont fait de même. Et voici pourquoi.
Se prémunir de sanctions ou de pressions géopolitiques
Lorsqu’un pays conserve son or sur son propre sol, il ne court pas le risque d’un gel ou d’une confiscation de ses avoirs. L’exemple de la Russie, dont les avoirs en devises étrangères (mais pas l’or, conservé à Moscou) ont été partiellement gelés après l’invasion de l’Ukraine en 2022, a certainement fait réfléchir certaines nations. Mais il faut aussi rappeler le litige qui a opposé le Venezuela à la Banque d’Angleterre. Cette dernière avait bloqué l’accès à 31 tonnes d’or, revendiquées à la fois par Nicolás Maduro et Juan Guaidó.
Renforcer la confiance intérieure avec un contrôle accru
Rapatrier l’or est aussi une façon d’envoyer un signal politique fort aux citoyens et aux investisseurs. C’est l’objectif poursuivi par l’Allemagne depuis 2013. En 2017, un représentant de la Bundesbank avait ainsi présenté devant les caméras les lingots allemands. Avec un objectif : montrer que les réserves nationales existent bien, et qu’elles sont conservées en sécurité sur le sol du pays. « Nous avons vérifié l’authenticité et le poids de chaque lingot. Il n’y a pas eu de réclamation », s’était ainsi félicité Carl-Ludiwig Thiele. L’Allemagne conserve encore de l’or aux États-Unis mais là aussi, cela pourrait changer. Depuis l’arrivée de Trump à la présidence, des voix s’élèvent en Allemagne : les citoyens allemands, peu rassurés par les politiques américaines, préfèrent éviter d’en dépendre.
L’or conservé par les banques centrales est-il audité ?
C’est le point qui fâche, si l’on en croit les polémiques autour des stocks d’or américains. En février 2025, Donald Trump et Elon Musk avaient affiché leur volonté d’aller vérifier si l’or américain se trouvait toujours bien à Fort Knox. « Qui confirme que l’or n’a pas été volé à Fort Knox ? », avait d’ailleurs demandé Elon Musk sur son réseau social X. Il faut dire que le dernier audit date de 1974 : des membres du Congrès et des particuliers avaient été invités à une vérification… justement en réponse à une rumeur.
Réaliser un audit permet en effet de garantir la transparence du stockage, ainsi que la sécurité et la traçabilité des réserves d’or. En février 2024 par exemple, la Banque du Liban a audité les réserves conservées sur son propre sol, afin de rassurer les investisseurs alors que le pays traverse une crise économique.
Le saviez-vous ? Chez AuCOFFRE.com, l’or détenu aux Ports Francs de Genève et en Franc, sous forme de pièces ou de lingots, fait l’objet d’un audit annuel. Cette démarche permet d’assurer un maximum de transparence et de sécurité.