Entre les politiques monétaires menées par les banques centrales et les rapports de force entretenus entre chaque devise, les leviers qui impactent le taux d’inflation sont nombreux. Pour comprendre les tenants et aboutissants de ce phénomène économique et prendre les bonnes décisions face à la hausse des prix, suivez le guide !
Qu’est-ce que l’inflation ?
Comprendre l’inflation
Selon la définition de l’INSEE, l’inflation désigne un phénomène économique qui implique à la fois une dépréciation (perte de valeur) de la monnaie et une hausse générale et durable des prix.
Ainsi, à l’inverse de la déflation, l’inflation représente une augmentation du coût de la vie pour la plupart des ménages, et ce, sur plusieurs trimestres consécutifs. En France, le taux d’inflation est mesuré par l’Indice des prix à la consommation (IPC) qui procède notamment au relevé des prix à la consommation.
Concrètement, l’inflation se traduit par un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché : la demande devient supérieure à l’offre, ce qui fait alors diminuer la valeur de la devise concernée.
À noter : Pour calculer un taux d’inflation, il est nécessaire de définir au préalable la période et la zone géographique dans laquelle celle-ci est mesurée.
Les causes de l’inflation
Les causes de l’inflation peuvent être diverses, mais peuvent aussi bien provenir de facteurs qui impactent négativement l’économie que de décisions prises par les banques centrales dans le cadre de leur politique monétaire.
Parmi les causes indésirables :
- un manque de confiance en la devise (cause psychologique) ;
- un défaut de concurrence (hausse structurelle) ;
- une augmentation des coûts de production ;
- un déséquilibre entre offre et demande ;
- une augmentation excessive de la masse monétaire en circulation.
Selon le type d’économie et le contexte de la région où l’on mesure l’inflation, l’une ou l’autre de ces causes peut être prépondérante par rapport aux autres.
Ces causes indésirables peuvent parfois être le résultat de conflits géopolitiques d’ampleur, comme ce fut le cas après l’invasion de l’Ukraine par la Russie à partir du 24 février 2022. En quelques semaines, la guerre et les sanctions économiques ont fait grimper le prix de nombreuses matières premières comme le blé ou le gaz. En guise de résultat, les pays occidentaux ont retrouvé une inflation sans précédent depuis des décennies.
Conséquences générales de l’inflation
Une augmentation mesurée du taux d’inflation peut présenter des effets positifs sur l’économie. Pour cette raison, l’objectif d’inflation de la Banque centrale européenne (BCE) n’est pas nul mais fixé aux alentours des 2%.
Les conséquences voulues de l’inflation sont :
- une tendance des entreprises à investir afin de préserver la valeur de leurs capitaux face à l’inflation ;
- une tendance des ménages à consommer, placer et/ou épargner dans la même optique (livrets, marchés financiers, placements alternatifs…).
Hors politique monétaire, l’inflation peut apporter des conséquences :
- défavorables pour tous les détenteurs de la devise impactée et les particuliers, entreprises ou organisations payées dans cette même devise (exportateurs, créditeurs, investisseurs imprudents…) ;
- favorables pour les détenteurs de stocks, d’actifs et de valeurs refuges.
En effet, la valeur réelle d’une monnaie diffère de sa valeur nominale et n’a de sens que si elle est comparée aux autres devises. Ainsi dans la paire EUR/USD par exemple, si l’euro venait à subir une sévère inflation, sa vraie perte de valeur se traduirait par sa dévalorisation face au dollar.
Lorsqu’elle devient hors de contrôle, l’inflation peut apporter des conséquences dévastatrices sur l’économie d’un pays : on parle alors d’hyperinflation.
Ce phénomène a pu être observé entre autres :
- en Russie, après la révolution de 1917 (60 804 000% d’inflation durant 4 années) ;
- en Allemagne sous la République de Weimar jusqu’en 1923 (16 580 000% d’inflation) ;
- au Brésil dans les années 1960 et 1980 ;
- en République démocratique du Congo dans les années 1990 ;
- au Venezuela depuis 2017.
Concrètement, une hyperinflation de 16 580 000% en Allemagne impliquait qu’une baguette de pain coûtant 1 mark à l’origine coûtait l’année suivante…165 800 marks ! Face à cette perte de valeur vertigineuse, certaines économies (comme en Russie) ont été le théâtre d’un retour au troc ; sans grand succès.
Si une inflation modérée peut encourager le placement de la monnaie, une inflation incontrôlée fait au contraire baisser la confiance des entreprises et des ménages. Face aux scénarios d’hyperinflation, on a pu constater que la population se débarrassait de sa monnaie au plus vite, inquiète que cette dernière ne perde encore de sa valeur le lendemain.
Bon à savoir : On parle alors de « hot money » (monnaie chaude), puisque chacun souhaite se délester de celle-ci comme si elle lui brûlait les mains.
Enfin, inflation rime avec baisse de compétitivité des prix des produits locaux en comparaison avec ceux pratiqués à l’étranger. Sur le moyen terme, cela peut entraîner un affaiblissement de l’industrie et donc une hausse du chômage dans la région touchée.
Comment régule-t-on l’inflation ?
Les outils de régulation
Pour maîtriser l’inflation, il existe aussi bien des outils de régulation préventive que corrective. Ces outils prennent la forme de diverses politiques :
- la politique fiscale et budgétaire vise à préserver un équilibre entre l’offre et la demande ;
- la politique monétaire menée par les banques centrales agit sur la masse monétaire (quantité de monnaie en circulation) ainsi que sur les taux directeurs (qui encouragent ou non l’épargne) ;
- la politique de contrôle des prix et des salaires par l’indexation ou la désindexation afin d’influer sur le pouvoir d’achat des ménages ;
- la politique de change par l’appréciation ou la dépréciation de la devise qui peut impliquer, dans certains cas d’hyperinflation (comme sous la République de Weimar), d’abandonner une monnaie pour en introduire une nouvelle.
Les trois théories de l’inflation
Parce que l’inflation est un phénomène économique dont les causes sont parfois difficiles à identifier, et dont les conséquences peuvent être désastreuses, les économistes se répartissent en trois principales écoles de pensée à l’objectif commun : comprendre et réagir à l’inflation.
La théorie classique voit l’inflation comme une sanction monétaire qui vient souligner et punir un déséquilibre naissant entre la valeur de la monnaie et celle des actifs échangés. Cette approche sous-entend que chaque actif possède donc une valeur intrinsèque que l’on peut estimer.
L’analyse keynésienne défend le recours à un interventionnisme politique et monétaire pour contrebalancer les éventuels excès du libéralisme. L’inflation devient alors un outil de régulation plutôt qu’une sanction.
La doctrine monétariste, quant à elle, rejette toute intervention politique sur les devises et préfère confier cette gestion à des banques centrales indépendantes, dans l’optique de préserver un maximum de stabilité dans les prix.
On le constate aujourd’hui encore : chaque crise, qu’elle soit politique, économique ou sanitaire, porte un coup à la confiance des investisseurs envers les monnaies fiduciaires. Face à ce constat, placer son argent dans un actif refuge comme l’or est devenu une alternative populaire en vue de se prémunir contre l’inflation.
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